AMNÉSIES

Il a fallu couper le signal. J’ai pris la route, j’ai pris la mer, jeté ma chevalière par dessus bord. 

Trente ans après, je repose mes pieds sur ce minuscule caillou de deux kilomètres carré.
Le silence du jour qui tombe, des maisons vides, des espaces sauvages battus par les vents.
L’immensité n’est pas une unité de mesure, c’est avant tout un sentiment.
La nuit viendra sans doute me rattraper; ta silhouette, mes colères, notre vie en transit.
Ce polaroïd n’a pas bougé. Du sel dans les yeux, les dunes grises, l’odeur du soleil sur ma peau.
J’étais un gosse doux et turbulent. Contemplatif mais en courant. 
Je ne sais rien, ou presque, de ce qui a pu se passer.